Ha Zlatan, sache qu’au pays des droits de l’homme tu as le devoir de fermer ta gueule. Pourtant rien de plus libérateur que d’exprimer sa colère quand ceux sensés harmoniser nos luttes dérogent à leurs tâches. Le problème c’est que dans un pays où la liberté s’évertue à quelques moqueries formatées sur les plus faibles et les idiots utiles, celui qui se révolte contre les puissants risque fort la punition. Il découvrira surtout que ces prestigieux droits de l’homme se résument ici à des devoirs de soumission.
Une erreur d’arbitrage, donc, à l’origine du coup de sang d’Ibrahimovic. Une erreur grossière ayant son importance puisqu’elle a nécessairement bouleversé le scénario du match. Un match qui, s’il avait été gagné par les parisiens, leur aurait permis de s’installer en tête du championnat.
L’arbitre jouit ainsi d’un véritable pouvoir : celui de conjurer le sort ; en toute impunité. En théorie ses compétences garantissent le bon déroulement du jeu ; une équité sans faille. En pratique, c’est plus une loterie, et ses mauvais jugements peuvent vite dégénérer en diktats…puisqu’il aura toujours le dernier mot. Difficile dans ces circonstances de rester serein. Surtout pour un compétiteur s’investissant viscéralement pour décrocher la victoire. Malgré tout, sur le terrain, nos sportifs parviennent globalement à se refréner. Un héros doit toujours arborer une belle image de sa force.
En revanche, en coulisse, ils peuvent exorciser leurs frustrations. Mais, qui sait, aujourd’hui, où se nichent la sphère privée et celle publique quand prolifèrent un peu partout des caméras… Hum, belle tranche de cinémascope dans le paddock de Chabban-Delmas. Image et son haute définition ! Alors, qu’est-ce qu’on y a vu et entendu ? Rien de plus que le courroux d’un vaincu. Plutôt commun, en somme. Très ressemblant, par exemple, à celui d’un « bon français » confiné dans sa bagnole et invectivant ceux retardant son odyssée. Ou encore celui d’un employé humilié s’isolant pour mieux évacuer ses amertumes. Voire même, celui de l’électeur croisant un élu ayant dérogé à ses promesses.
Refouler ce genre de rage, ça génère des putains de névroses, celles qui inhibent et qui aliènent. Alors, adjurer ses fureurs aux pays des droits de l’homme, c’est plutôt salvateur.
Toujours est-il que la France se serait sentie outragée suite aux déclarations de l’attaquant parisien. C’est pourquoi nous n’avons pu échapper à la chorale des indignés : médias et dirigeants ont alors exigé des excuses, car notre champion serait un exemple pour la jeunesse ! Mais, un exemple de quoi ? De réussite ? De conquête ?
Ne devrions-nous pas plutôt ériger en modèles des valeurs d’équité, de probité et de justice ? Celles, par exemple, censées être incarnées par un…arbitre ? A propos, qu’est-il advenu cet arbitre ayant failli sur le match Bordeaux-Paris ? Quand va-t-il les présenter, lui, ses excuses ? Car, sans amende honorable de sa part, nombreux pourraient croire que nous vivons dans un pays où certaines partialités se déclinent en abus de pouvoir…
Je ne cherche pas ici à me faire l’avocat de Zlatan, et encore moins du PSG. Je ne regarde plus le foot depuis longtemps, demeurant désormais convaincu, comme La Boétie, que le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs et autres drogues de cette espèce sont pour les peuples les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie et les outils de la tyrannie. J’ignore donc tous les talents du joueur suédois. Quant au PSG, je l’ai impitoyablement condamné depuis qu’il a vendu son âme aux sirènes pétrolifères. Je ne peux, d’un coté dénoncer la Qatar et son régime théocratique rétrograde, sans lois, sans droits politiques, où les femmes sont inférieures aux hommes, où les travailleurs immigrés sont des esclaves et, de l’autre applaudir ces joueurs, aussi talentueux soient-ils, financés par l’argent de cet émirat. Je ne pourrais sinon prétendre à la probité de notre site Diktacratie.com.
Ce court pamphlet est donc surtout l’occasion de rappeler que si vous trouvez ce monde inique, ne vous avisez pas de le dire trop fort. Surtout si vous êtes du mauvais coté de la barrière. Toute contestation est permise certes, mais un certain devoir de réserve prime désormais. Une politesse d’esclave en quelque sorte.
Quant à nos ploutocrates, ils peuvent manoeuvrer l’humanité comme bon leur semble, pour maintenir leur privilèges. C’est dans l’ordre diktacratique des choses. Reprochez-leur, révoltez-vous, tentez l’insulte, le crachat, le pétard même !… C’est perdu d’avance.