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Source : Truthdig, Chris Hedges, 13 -01-2020

M. Fish / Truthdig

Léon Tolstoï a écrit que les familles heureuses se ressemblent toutes, mais que chaque famille malheureuse est malheureuse à sa manière. Il en va de même pour les démocraties en déliquescence. Il n’y a pas de voie unique pour la dissolution de la société ouverte, mais les schémas sont familiers, que ce soit dans l’Athènes antique, la République romaine ou l’effondrement des démocraties en Italie et de la République de Weimar en Allemagne qui a conduit au fascisme. Les maux qui ont frappé l’Allemagne et l’Italie dans les années 1930 nous sont tristement familiers : un système politique inefficace, le repli de vastes pans de la population dans un monde où les faits et les opinions sont interchangeables, la mainmise des économies nationales par les banques internationales et le capital financier mondial qui a forcé des segments de plus en plus importants de la société à vivre une vie de subsistance, anéantissant tout espoir pour l’avenir. Nous aussi, nous souffrons d’une épidémie de violence nihiliste, qui s’est traduite par des fusillades de masse et un terrorisme intérieur. Il existe un militarisme destructeur et incontrôlable. Les citoyens trahis, comme dans les années 1930, nourrissent une haine inassouvie pour une élite dirigeante embourbée dans la corruption alors qu’elle profère des platitudes vides de sens sur les valeurs libérales et démocratiques. Il y a un désir désespéré de voir un chef de secte ou un démagogue se venger de ceux qui nous ont trahis et annoncer un retour à un passé mythique et à une gloire perdue.

Il ne s’agit pas d’assimiler Donald Trump à Adolf Hitler ou Benito Mussolini. Cela ne veut pas dire non plus que nous endurons les graves traumatismes qui ont affligé l’Allemagne après la première guerre mondiale, avec ses 1,7 million de victimes de guerre et ses millions d’autres blessés physiquement et psychologiquement. Les violences et les bagarres de rue de Weimar, généralement entre les ailes armées du parti nazi et les communistes, étaient très répandues et ont fait de nombreux morts. La crise économique qui a suivi le krach de 1929 a été catastrophique. En 1932, au moins 40 % de la main-d’œuvre allemande assurée, soit 6 millions de personnes, était sans emploi. Pendant la dépression qui a suivi le krach, les Allemands ont souvent eu du mal à trouver de quoi manger. Mais nous ignorons à nos risques et périls nos nombreuses similitudes avec les années 1930.

Les élites économiques en Italie et en Allemagne considéraient les fascistes comme des bouffons, tout comme Wall Street considérait Trump et ses partisans comme un sujet d’embarras. Mais les capitalistes préfèrent avoir Trump comme président plutôt qu’un réformateur tel que Bernie Sanders ou Elizabeth Warren. La primauté du profit des entreprises, comme dans l’Allemagne et l’Italie fascistes, rend les élites du monde des affaires délibérément complices de la destruction de la démocratie. Ces capitalistes sont inconscients du danger que leur consolidation de la richesse et du pouvoir représente pour la démocratie. Ils imposent des réductions d’impôts pour les riches et des programmes d’austérité qui exacerbent le désespoir et la rage qui alimentent l’extrémisme. Ils font la guerre au travail organisé, supprimant les salaires et abolissant les avantages sociaux.

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