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Le moindre obstrué trou du cul, se voit Jupiter dans la glace. Voilà le grand miracle moderne. Une fatuité gigantesque, cosmique. L’envie tient la planète en rage, en tétanos, en surfusion. Le contraire de ce que l’on voulait arrive forcément. Tout créateur au premier mot se trouve écrasé de haines, concassé, vaporisé. Le monde entier tourne critique, donc effroyablement médiocre. Critique collective, torve, larbine, bouchée, esclave absolue. » – Céline (Mea culpa)

Toujours les mêmes qu’on entend, vociférant leurs vanités, s’égosillant tels des majestés en baudruche, snobant nos libertés et prescrivant les leurs. Leur lâcheté passe pour de l’audace, leur mépris pour de l’humanisme. Peu importe ce qu’ils tambourinent du moment qu’ils aient le dernier mot ! Ils ne débrident leur gueule que pour nous subjuguer de leurs suffisances. Des loups fiers comme des caniches. Des bourgeois se postulant démocrates.
Qu’ils la ferment !

A défaut de communier, ils communiquent. Ils communiquent l’orgueil de leur déréliction qu’ils submergent dans leur servitude commune. Des hommes séparés et aliénés prétendant s’unifier lors de grandes messes électorales. Mascarade ! De fait, leur arrogance individuelle s’étouffe dans une supposée volonté générale, se révélant, au final, servitude volontaire.

Au nom de la Liberté ils promeuvent donc un asservissement leur garantissant d’infatués privilèges et d’illusoires conforts. Leur corps névrosé, galvanisé par leur âme bourgeoise, ne peut s’empêcher de prêcher cette obséquieuse liberté. Cette liberté d’aboyer comme des chiens en laisse rassasiés par de la pâtée sirupeuse ; cette liberté de vanter sa différence ou son mérite pour susciter ambition et convoitise aux plus désinvoltes ; cette liberté d’infliger la primauté de sa sensibilité ou de sa morale, histoire de bien minorer ou culpabiliser ceux refusant encore le moule.

Tous ces bourgeois, tous ces artistes, nous postillonnent ainsi leur paillettes pour mieux dissimuler l’effroyable confinement de leur superbe plastronnant dans cette oligarchie, – qu’ils osent nommer démocratie. C’est là toute l’impardonnable insolence de leur liberté. Une liberté n’ayant que faire d’égalité.

Devons-nous persévérer dans ce monde d’individus dominés par des égos si affectés, qu’ils ne savent, ni ne peuvent, plus composer un peuple ?
Faute de se croiser, ils ne font que se cogner. Se constitue alors la masse, dans laquelle chacun s’excite à incorporer sa solitude. N’en ressort qu’un magma de servitude.

Fables célestes et artifices politiques ont tenté de fédérer ces cloîtres. En vain. L’amour, – ce lien, ce suprême liant humain -, est de part en part une imposture ; la foi, un mensonge ; l’union, un joug. Il ont beau claironner dans leurs catéchismes et leurs divertissements le contraire, à l’heure définitive du déclin, combien seront sauvés ?
Rassurez-vous, il reste du temps avant cet ultime crépuscule ; nous ne sommes pas prêts de toucher le fond. La décadence sonne d’ordinaire la fin d’une époque ; notre déchéance se contente, elle, de préfigurer le pire.
Tant que nous consentirons à leur propagande et leur hégémonie, tant que nos luttes se galvauderont dans leurs distractions, tant que nous consommerons leurs sèves, tant que l’ivresse de nos conforts estompera les frustrations de nos lâchetés, tant que notre rage se limitera à de l’indignation, tant que la majorité se réjouira de ses aliénations, notre système vérolé survivra à ses infections.

Sans doute suffirait-il de sacrifier un peu d’amour-propre pour se réengager dans les sentiers du bien commun. Mais, en sommes-nous capables, nous qui sommes si formatés…

Raviver une certaine terreur ?… Hum, il faudra bien leur foutre cette putain de gifle ! même si nous savons tous que ça ne suffira pas. Quoique, sa détonation pourrait allumer la mèche. Comment taire autrement leurs incessants foutages de gueule, leurs insolences inhibitrices ? Donnant, donnant.

Alors, qui pour incendier nos apathies, maintenant que nos colères sont plus grandes que nos désirs ?

Cédric Bernelas