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De nouveau aujourd’hui, sortie d’une belle saloperie hollywoodienne ! Une asservissant d’autant mieux qu’elle alimente le fantasme d’une émancipation fruit d’un héroïsme difficilement envisageable aux communs des mortels. Les Avengers donc, pour la deuxième fois, tenteront de sauver les hommes des griffes du mal !
Il y a deux ans, nous avions proposé une réflexion sur l’héroïsme en rapport avec cette propagande cinématographique. Voici l’occasion de réouvrir le débat…

Il aura fallu toute la poésie d’un Homère pour rendre mythique l’héroïsme d’un Achille ou d’un Ulysse. Quelques centaines de millions de dollars suffiront à Hollywood pour enchérir la fanfare Avengers plus haut que l’Olympe.

Faut dire qu’ils ont de la gueule tous ces hyper bodybuildés flashy et high-tech ! Ils sont prêts à tout pour protéger le monde. Enfin, surtout l’Amérique !

Mais trêve d’ironie, car le sujet est bien plus sérieux qu’il n’y paraît. De fait, nous avons affaire ici à une simple allégorie mystifiant l’héroïsme contemporain. Autrement dit une fiction nous abreuvant de mensonges dignes des plus influentes propagandes asservissantes.

Ces vengeurs donc, dont le nom à lui seul nous révèle déjà toute la perversité morale de leur dessein existentiel, sont là avant tout pour nous divertir et non pour nous sauver, au sens où ils s’évertuent à faire diversion sur les dangers réels de notre monde pendant qu’ils nous protègent de périls fantasmés d’un univers imaginaire…

Que faisaient Iron Man et Captain America le 11 septembre 2001 ?

S’il y a une certitude que l’on peut établir quant au scénario nébuleux et tragique de cette journée historique c’est bien l’absence de « supermans » lors de cette réelle catastrophe.
Je délire à peine…
D’ailleurs pourquoi, durant la première décennie de notre XXIème siècle, Hollywood s’est refusé à toute violence grande échelle ou destruction massive pouvant inspirer le terrorisme ? N’est ce pas une preuve que nos producteurs et réalisateurs sont incontestablement conscients des conséquences que peuvent provoquer leurs films dans la réalité ? De là à dire qu’ils sont responsables ou complices

Mais revenons à notre Avengers – distribution Disney - 3ème plus grand succès de l’histoire du cinéma !
Inutile, donc désormais, de préciser qu’ici les « méchants » ne sont pas de simples terroristes insoumis aux bénédictions des croisades impérialistes mais plutôt des putains d’extraterrestres tout droit surgis d’un vortex ouvert en plein ciel.
Attardons nous un instant sur l’un de ces envahisseurs : Loki. Fils adoptif du dieu ancestral Odin, ce super vilain est animé d’un ressentiment violent envers son frère Thor et corrélativement du monde dans lequel ce dernier aime bien vivre : notre Terre.
Nous le retrouvons donc d’abord à Stuttgart s’intronisant maître des lieux devant une populace à genoux et effrayée par la mise en scène wagnéro-warholienne du menaçant conquistador. Il semble alors déclamer du La Boétie :

Ne trouvez-vous pas ça plus simple ? N’est ce pas là votre état naturel ? La vérité implicite de toute l’humanité c’est que vous avez soif de subjugation… Le leurre luisant de la liberté amenuise votre joie de vivre et la pervertit en une folle mêlée pour le pouvoir, pour la renommée… Vous êtes venus au monde pour vous soumettre. Au final vous passerez votre vie à genoux… »

Un vieillard, regrettant sans doute ses fureurs de jeunesse, se relève soudain défiant de la sorte l’autorité du malveillant, s’apprêtant du coup à le foudroyer ! Surgit alors de nulle part Captain America et son bouclier étoilé. On devine la suite…
La confrontation – la guerre des gentils contre les méchants – ne sera que partie remise à New York – capitale du monde juste et éclairée – pour se résorber dans un délire atomique dont seuls les américains ont le secret.

Quel message doit-on retenir dans tout ça ?

Quelle image risque s’acheminer dans la tête des plus jeunes et par là sans doute influencer leurs réflexions ?
Que les gentils américains sont un exemple d’héroïsme dont il faudrait s’inspirer pour rendre le monde meilleur ? Que l’homme est condamné à servir et que seule l’Amérique peut l’aider à s’émanciper ? Que, contre la menace tyrannique, nous devrions attendre ou espérer une résurgence surhumaine plutôt que de compter sur nos propres forces collectives ?

Vous connaissez évidemment la réponse, mais je vous rappelle quand même que ce sont les Etats–unis qui nous enseigne la servitude en nous incitant à consommer toujours plus de choses dont nous avons de moins en moins besoin. C’est ainsi qu’ils nous vendent à crédit l’illusion d’un vain confort comme modèle de liberté. Déniez ce paradigme et on vous désavouera tel un extrémiste aux sensibilités fascisantes…

L’héroïsme d’un homme ne dépend ni de sa force ni de son courage, mais de son refus de servir et de se soumettre à ceux qu’il croit plus forts que lui. Il ne tient alors qu’à vous de devenir ces héros de la liberté sans attendre le recours de surhommes de carnaval ou de fiction, qui ne sont là en définitif que pour vous distraire, vous détourner et vous dispenser de votre propre souveraineté.

Cédric Bernelas