Skip to main content
Submitted by Aggregateur IFTBQP on

Rassembler est un maître mot pour Diktacratie.com. Pourtant beaucoup de nos lecteurs relativisent et ne s’unissent, dans les faits, qu’avec ceux qui partagent leur vision du monde. Logique partisane ou communauté religieuse, ce n’est donc pas avec ce genre de générosité que la démocratie véritable pourra s’ébaucher : les gauchistes ne veulent pas dialoguer avec les nationalistes, les juifs ne peuvent se marier avec les musulmans… on connaît l’histoire, pas la peine d’épiloguer. Le pire c’est qu’ils prétendent tous à la tolérance et… crient à l’anathème dès qu’ils se rencontrent. Ils désignent alors l’autre comme l’ennemi de la démocratie, refusent le débat et finissent par les bannir de leur horizon dialectique.

Pour que le pouvoir puisse être partagé par l’ensemble des citoyens, il doit avant tout résulter d’un débat contradictoire entre tous, d’où qu’ils viennent et quoi qu’ils fassent, du moment que cela concerne le lieu dans lequel ils vivent et travaillent. Ainsi, chacun proposerait ou réfuterait une organisation en fonction de l’intérêt général. Pas d’intermédiaire, pas de substitut, pas de représentant. D’Athènes à Kronstadt en passant par les vétchés de Kiev, les exemples de démocraties directes ne manquent pas. Aucune d’entre-elles ne s’est restreinte à l’autorité d’un groupe minoritaire, aussi éclairé fût-il.

Le nerf de la démocratie se trouve dans la résolution commune de points de vue divergents, via le débat et le dialogue entre tous, et non dans la sélection d’opinions majoritairement dominantes. Car, la majorité ne peut suffire pour incarner la démocratie. Au minimum, les décisions doivent être unanimes, quitte à ce qu’elles soient consensuelles. Une adhésion franche ne se fait d’ailleurs souvent qu’à ce prix. Les délibérations collectives servent ainsi à convaincre et non à imposer

Il n’y a pas d’innocents, soit on ne sauve personne, soit on sauve tout le monde.

Les oligarques imposent toujours leur morale. C’est la loi du plus fort. Ainsi, le bien est nécessairement l’attribut de celui exerçant le pouvoir. Les autres, ceux n’y participant pas directement, doivent alors s’y soumettre s’ils ne veulent pas être catalogués comme extrémistes ou marginaux. On en revient à cette sophistique partisane et communautaire : une poignée de dirigeants s’accaparent, au nom de la compétence élitiste et au profit de sponsors affidés, un pouvoir légitimé par notre vote ; ils se prétendent les représentants du peuple dont ils ne partagent en définitive rien, et nomme cet abus d’autorité « démocratie », en lieu et place d’une ploutocratie chaque jour plus influente. Ici, nul besoin d’imposer par la force ou de menacer par les armes : une savante propagande médiatique suffit à aliéner nos velléités citoyennes. D’où la nécessaire connivence des médias avec les pouvoirs en place pour, tout du moins, rester visibles par le plus grand nombre.

Sans compter nos croyances consolant nos consciences oppressées de tragique, au point qu’elles préfèrent se soumettre aux commandements transcendants d’un autre temps, écartant ainsi l’occasion de prendre elles-mêmes les rênes de leur destin. Au nom de la miséricorde, de la magnanimité, de la compassion, de l’amour des autres, chaque religion a imposé sa secte, histoire de s’acoquiner le plus longtemps possible avec les puissants en place. A l’exemple du livre sur lequel prête serment, encore aujourd’hui, le Président des Etats Unis avant de prendre ses fonctions…

Ils ont inventé ensuite la laïcité pour harmoniser nos divergents dévots entre eux. Prétendant ainsi les unir dans la société civile, ils les ont, au contraire divisés, exaltant toujours plus leurs différences et leurs intolérances, dont leur foi bienveillante s’accommodaient jusqu’alors.

Soyons catégoriques : voter pour un représentant ou un parti, croire en une divinité aux desseins exclusifs et belliqueux (Bible : Exode 20,5 ; Coran : XXVIII Le récit 86-88) ne peut être compatible avec la moindre prétention démocratique au sens radical du terme. Alors continuons à faire semblant de tolérer les autres avec nos étiquettes partisanes et nos symboles pieux, le pouvoir nous sera ainsi confisqué pour le bonheur de quelques nantis ou élus, auxquels nous nous soumettrons toujours plus sans broncher.

Cédric Bernelas