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De retour d'un séjour studieux à Barcelone, j'ai ramené un couffin bien rempli d'impressions, de discours divers et multiples, d'images étranges et de livres. D'abord les impressions: qu'est donc ce monde où les journalistes qui animent les émissions politiques doivent absolument ressembler à des pin-ups ou à des play-boys? Cette tendance "beau-gosse" ou "blonde -ou fausse-blonde- filiforme" envahit tout et, dans ce domaine, l'Espagne a pris de l'avance. On ne distingue plus aujourd'hui quand on allume la télé là-bas, entre le jeu télévisé et l'émission d'informations. Les journalistes ont aussi pris pour habitude (comme les nôtres) d'interrompre sans cesse leur invité politique, de ne pas le laisser répondre, en croyant peut-être que c'est là la méthode du vrai journalisme, la méthode anglo-saxonne. Cette tendance envahit aussi la politique et son personnel (même le personnel dissident). Voyez les leaders des partis alternatifs et même le dirigeant du PSOE, Pedro Sánchez.  "Que seriez-vous prêt à faire pour gagner?",  "Danser"... Le degré zéro de la politique. Pourtant il y a des enjeux, la crise, la pauvreté, mais non... on danse sur le volcan.

La télé adore. Elle aime aussi les parties à quatre. Puisque c'est elle, aidée par la presse écrite, qui la suit, qui a inventé le quadripartisme. Plus spectaculaire que le bipartisme, puisque on peut ainsi varier les discours et intéresser le spectre le plus large possible. Même s'il y a une chaise vide. Les candidats, jeunes et beaux, se tutoient, renforçant ainsi la connivence entre eux contre le candidat de la droite, absent de leur arène.

En réalité le quadripartisme de la télé et des médias n'est mis en avant que pour mieux écarter les partis ou groupes qui gênent: la gauche unie, et les partis nationalistes ou indépendantistes des grandes régions périphériques. Et il est fondé sur les prévisions électorales, seulement sur celle-ci.

Le paysage électoral est donc à ce point consternant de vulgarité et de superficialité que je me suis demandé si on ne pourrait penser la même chose à propos de la France. Bon, des beaux gosses ou des blondes -ou fausses blonde- filiformes, on n'en n'a pas encore beaucoup dans le personnel politique... Chez les journalistes de télé, on n'est pas mal. Mais ça s'arrête là. On a la chance d'avoir une guerre à mener contre le réchauffement climatique, ce qui a permis de laisser passer sans commentaires que le chiffre du chômage en France a dépassé les 10% et enregistré +42 000 en octobre.

Deux façons différentes d'installer des formes nouvelles de populisme démocratique: segmentation du discours, gommage des conflits de classe, exaltation des liens affectifs, négation de l'esprit critique et eaux glacées du calcul égoïste. Le philosophe José Luis Villacañas ne dit pas autre chose: " El liberalismo, al producir hombre económicos cuyo rasgo de vida es el cálculo individual, es una fábrica de seres humanos que anhelan vínculos afectivos... Cuanto más triunfe el liberalismo como régimen social, más probabilidades tiene el populismo de triunfar como régimen político." (José Luis Villacañas, Populismo, Madrid, La huerta grande, 2015, p. 105).

Gustavo Bueno, philosophe nonagénaire et sulfureux résume parfaitement la chose avec quelques épithètes bien senties:

«¿Sánchez? Sicofante. ¿Iglesias? Demagogo. ¿Rivera? Ajedrecista.»

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Serge Buj