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La politique de rachat massif de la dette publique italienne par des organismes publics, la Cassa Depositi e Prestiti (CDP) et Posta Italiana[1], ranime la possibilité de la mise en œuvre d’un scénario à deux monnaies pour ce pays. On sait que la question de la dette inquiétait beaucoup certains milieux[2]. Cette possibilité de sortir « en douceur » de la zone euro avait déjà été évoquée à de multiple reprise en Italie, et en particulier par Silvio Berlusconi[3]. Car, aujourd’hui, il n’en faut pas douter : le problème de l’Italie est bien l’Euro[4]. Au-delà de la question de l’Euro, on peut se demander si ce n’est pas tout simplement l’UE le véritable problème de l’Italie[5].

Il convient, alors, de rappeler que la possibilité de mettre en œuvre des devises parallèles avait déjà été présentée comme un outil pour résoudre le problème de la Grèce, tout restant dans la zone euro ou pour gérer une éventuelle rupture avec la zone euro. Mais les devises parallèles ont une longue histoire en économie. Dans les temps historiques, les lingots émis par différents pays ont circulé librement dans un pays donné. La question a été soulevée en particulier lorsque le papier-monnaie a été introduit. Les expériences avec des monnaies parallèles ne sont pas abondantes au XXe siècle[6], et la dynamique d’un système à deux monnaies mérite attention[7].

L’exemple manqué de la Grèce en 2015

Rappelons d’abord ce que voulait, ou prétendait vouloir, faire Yanis Varoufakis[8]. Un moyen possible d’éviter l’asphyxie de la Grèce en 2015 organisée par la Banque Centrale Européenne aurait pu reposer sur le fameux « plan B « de Varoufakis, plan qui a fait l’objet de nombreux débats depuis juillet 2015. Ce plan aurait impliqué la création d’un système de double circulation monétaire, avec la création d’une monnaie parallèle. L’intention n’était en aucun cas de sortir explicitement de l’Euro (ou plus précisément de l’Union monétaire européenne). Il est à rappeler que Yanis Varoufakis – et cela fait une grande différence avec d’autres économistes radicaux comme Costas Lapavitsas ou Heiner Flassbeck[9] – était, à l’époque, un fervent défenseur de l’euro. Cependant, une telle sortie aurait pu être envisagée à tout moment dans le cadre du dit « Plan B ».

Ce qui est ici intéressant est que le fameux “plan B” était assez sophistiqué et aurait induit des changements importants dans la situation de la Grèce. À ce stade, il est intéressant de voir ce que Varoufakis expliquait et ce qui a été dit lors de la discussion avec les gens de l’OMFIF sur ce plan[10]: «Ce que nous avions prévu de faire était le suivant. Il y a le site web du bureau des impôts, comme en Grande-Bretagne et partout ailleurs, où les citoyens – les contribuables qui vont sur le site – utilisent leur numéro de dossier fiscal et ils transfèrent des fonds bancaires du compte bancaire vers leur numéro de dossier fiscal afin de faire des paiements sur la TVA, sur l’impôt sur le revenu et ainsi de suite. Nous avions l’intention de créer, de façon clandestine, des comptes de réserve attachés à chaque numéro de dossier d’impôt sans en avertir qui que ce soit, juste pour que ce système fonctionne sous le boisseau. Au simple toucher d’un bouton, cela nous permettrait de donner des numéros d’identification aux détenteurs de numéros de fichiers d’impôt (contribuables). Prenons par exemple un cas où l’État devait un million d’euros à une société pharmaceutique pour des médicaments achetés pour le compte du National Health Service, nous pourrions immédiatement créer un virement dans ce compte de réserve du numéro de dossier fiscal de l’entreprise pharmaceutique, et leur fournir un numéro d’identification. Ils pourraient utiliser cela comme une sorte de mécanisme de paiement parallèle qui transfèrerait n’importe quelle partie de ces fonds numériques à n’importe quel numéro de dossier fiscal à qui ils devraient de l’argent. Ou alors, en effet, l’utiliser pour effectuer des paiements d’impôt pour l’Etat »[11].

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